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Batteries au lithium : prévenir les risques électriques, chimiques, d'incendie et de manutention
Quels risques représentent les batteries au lithium pour les travailleurs ? Comment repérer les signes d'endommagement ? Un collaborateur peut-il intervenir lui-même sur un incendie causé par une batterie au lithium ? Réponses de l'INRS.

Trente-six événements liés à des batteries au lithium, hors secteur des déchets et hors utilisation par des particuliers, ont été recensés par le Barpi (bureau d'analyse des risques et pollutions industrielles) depuis 2000. Il s'agit par exemple d'accidents du travail, d'incidents industriels (dommages matériels, pertes d'exploitations...) et de conséquences néfastes sur l'environnement (pollution). Le Barpi précise que l'accidentologie étudiée dans ce rapport de janvier 2022 concerne les différentes étapes du cycle de vie de ces batteries, conception, utilisation, stockage, fin de vie. Ces batteries sont présentes dans de nombreux secteurs : transports, équipements électroniques, dispositifs médicaux, stockage stationnaire d’énergie renouvelable etc.
Jeudi 23 juin 2022, à l'occasion d'un webinaire, l'INRS a rappelé les différents risques auxquels les travailleurs sont exposés, les gestes de prévention et la manière de gérer un départ de feu. Il y a quatre types de risques en lien avec les batteries au lithium : électriques, chimiques, risques d’incendie et risques en lien avec la manutention.
Les risques électriques peuvent causer des électrisations voire des électrocutions, ce qui peut entraîner la tétanie des muscles respiratoires, des troubles du rythme cardiaque, voire un décès. Ceux liés à la manutention peuvent mener à des troubles musculo-squelettiques, en raison de manipulation répétitive d’objets lourds.
Dysfonctionnements des batteries : conséquences et prévention
La batterie peut enfin être dysfonctionnelle, entraînant des risques chimiques et d’incendie. L’INRS parle notamment de « l’emballement thermique », qui est « une réaction chimique incontrôlée » qui engendre de grandes chaleurs et une augmentation de la pression interne de l’enveloppe de la batterie.
Cette chaleur peut endommager les composants de la batterie, jusqu’à son enveloppe. Si cette dernière est gonflée, percée ou qu’elle éclate, il y a un risque de fuite d’électrolyte pouvant mener à un incendie et/ou à une explosion. Ces effets de l'électrolyte ont un impact délétère sur certains organes et causent des brûlures de la peau ou des yeux, jusqu’à des effets cancérogènes.
Pour éviter qu’une batterie au lithium ne soit endommagée, il faut tout d’abord la garder en bon état. Pour cela, il faut la manipuler avec précaution, ne pas la faire tomber ni l'exposer à des températures trop élevées ou trop basses, la charger avec son chargeur d’origine ou un chargeur adapté, ne pas la laisser en charge sans surveillance.
À noter que les conséquences d’un choc ou autre élément déclencheur décrit ci-dessus peuvent arriver longtemps après celui-ci. Le dysfonctionnement peut aussi être causé par un défaut de conception, même si cette situation est plus rare.
L’enjeu du stockage
Le stockage des batteries au lithium est un sujet majeur. L’INRS rappelle les règles à suivre pour éviter d’exposer la batterie aux risques énoncés plus haut. Les batteries doivent généralement être stockées entre 15 et 20°C, à l’écart de sources de chaleur, de froid ou d’humidité mais aussi de tout produit combustible. C’est d’autant plus vrai pour les grosses batteries, de voitures par exemple. Les locaux doivent être délimités, non-encombrés, ventilés et les sols doivent être imperméables. Enfin, les pompiers doivent connaître la position des batteries ainsi que ces zones de manipulation et de stockage. |
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Règles de manipulation d’une batterie endommagée
Si la batterie est endommagée, il faut respecter des règles pour la manipuler et prendre en compte le risque électrique. Elle doit être séparée des autres, mise à l’abri de l’humidité ou d’une source de chaleur, et éliminée par un prestataire compétent.
Ces manipulations doivent se dérouler dans une douche de sécurité, ou à l’extérieur d'un bâtiment dans la mesure du possible. Les agents doivent porter des EPI (équipement de protection individuelle), à savoir un vêtement de protection de type 3 étanche aux liquides, des gants de protection, un écran facial ainsi que des appareils de protection respiratoire équipés de filtre anti-gaz ABEK contre les vapeurs organiques, les acides ou encore les dérivés aminés.
Remarque : les lettres A, B, E, K correspondent chacune à un type de filtre spécifique à un gaz, une famille de gaz ou de vapeurs. Chaque filtre est ainsi désigné par une lettre, accompagnée d'une bande de couleur. Pour se protéger d'une combinaison de gaz, il faut prendre un filtre marqué de plusieurs lettres, AB par exemple. Lorsqu'on l'on opte pour un masque ABEK, on se protège donc des gaz et vapeurs organiques, inorganiques, dioxyde de soufre, acides et de l’ammoniac et des dérivés aminés de classe 1 (ou 2 ou 3). |
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Limiter l’incendie, plutôt qu’essayer de l’éteindre
Si la batterie entre en combustion, l’INRS rappelle peuvent agir si et seulement s’ils peuvent assurer leur propre sécurité. Si cette condition est remplie, les collaborateurs peuvent tenter d’arrêter l’incendie, soit en plongeant la batterie dans une grande quantité d’eau, soit en la recouvrant de sable, dans le cas où elle est de petite taille.
À noter qu’il n’est pas facile d’arrêter un incendie, et que les travailleurs sont incités à se concentrer sur la limitation de la propagation du feu. Il est possible pour cela d’arroser les alentours de la batterie et de la déplacer avec un outil pour l’isoler des matières combustibles.
Dans un contexte de transition écologique, et notamment de l'accélération du développement de la voiture électrique, de plus en plus de travailleurs vont être exposés à ces risques et devront être formés à les prévenir. En février 2022, une réunion de l'alliance européenne pour les batteries s'est tenue et une académie européenne pour les batteries a été créée et subventionnée par la Commission européenne. L'objectif est de dispenser des formations dans tous les États membres et de coordonner la reconversion. Elle précise que 800 000 travailleurs seront concernés d'ici 2025.
Marie Sénéchal
© Lefebvre Dalloz